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Gwendoline Blosse : arthlète de haut niveau

Artiste nantaise inspirante et épanouie au potentiel graphique détonnant, Gwendoline BLOSSE dessine le monde qui nous entoure d'un œil insolite. Personnages, paysages urbains ou environnements naturels, ses œuvres portent toujours sa marque de fabrique : des couleurs explosives et vitaminées et un trait à la fois franc et baroque. Rencontre.


© Gwendoline BLOSSE

Affiche B2 50/70cm

PRÉSENTATION


Salut Gwendoline ! Nous concernant, ça fait quelques temps que nous suivons ton travail, mais peux-tu te présenter en quelques mots pour celleux qui ne te connaissent pas ?

Je suis illustratrice / graphiste / auteure de bande dessinée/coach de Carmen Vegas (redoutable catcheuse au sein de la Fédération Officielle de Catcheurs Dessinateurs à Moustache Nantaise).


Dans quel cadre as-tu grandi ? Dans un cadre familial attentionné, bienveillant et aimant. Nous avons pas mal bougé quand j'étais jeune (Libye, différentes régions de France, etc...). Malgré la perte d'un jeune frère à l'âge de dix ans, nos parents nous ont toujours soutenus et accompagnés jusqu'à l'âge adulte.


Comment imaginais-tu ta vie quand tu étais enfant ? Faire des BD.


© Gwendoline BLOSSE

Illustration pour l'article "Canons" / Pulsomatic n°184


Et maintenant, quel est ton idéal dans la vie ? Faire du dessin ahah..., bien manger, en santé et bien entourée. Le reste, je m'en fous. La cuisine m'intéresse beaucoup. D'ailleurs, si je devais me recycler, ce serait dans ce domaine. Finalement L'image et la cuisine sont assez similaires : un jeu de composition, de couleurs, d'harmonie, de texture. C'est pareil.


Quel est ton truc pour corrompre la jeunesse ? Sors de chez toi...!

Quel(s) est/sont ton/tes héros dans l'Histoire ? Pfffiou... J'aime à peu près tous les individus qui ont œuvré pour les droits sociaux, l'égalité des chances, la justice... En fait, j'aime les acteur.e.s de vie. Et y'a un paquet de gens !


Quel personne ou personnage choisirais-tu pour illustrer un nouveau billet de banque ? Marianne, pardi !


© Gwendoline BLOSSE


Ta "drogue" favorite ? Les huîtres.


Si Dieu existe, qu'aimerais-tu l'entendre te dire après ta mort ? « Tout va bien se passer... ».


Pour toi, l'inspiration c'est... Les autres.


© Gwendoline BLOSSE

Girl


PARCOURS ARTISTIQUE


Comment l'univers de l'illustration est-il venu à toi ? Mon père est un grand/gros amateur de bande dessinée. Du coup, gamine, je « lisais » les comics (Marvel, Strange, Titan) de mon père. Et puis j'étais une gosse plutôt solitaire... Surtout quand tu déménages souvent, finalement, tu te trouves des occupations. En fait tous les enfants dessinent, certains passent à autre chose, et d'autres continuent.


© Gwendoline BLOSSE


Tu as suivi une formation à l'école d'arts graphiques de Nantes, d'où tu es sortie diplômée en 2008. De quelle manière ce cursus a-t-il influencé ta pratique ? En fait, j'ai un bac STI Arts Appliqués et un bac pro habilleuse/costumière. Je me suis rapidement rendu compte que la couture, et surtout la technique, c'était pas mon truc, et je suis revenue aux arts graphiques. J'arrivais du Sud Ouest (Agen), et, atterrir dans une grande ville (Nantes), ben c'est pas même vachement bien. Finalement, c'est plus au contact des autres, et de sorties, que tu te construis. T'es influencé par beaucoup d'initiatives locales, concerts, collectifs. C'est grisant !


© Gwendoline BLOSSE

Artwork for WINE NAT / WHITE HEAT Festival


Comment as-tu percé dans le monde de l'illustration ? Quel(s) a/ont été tes premiers projets ? Ça a démarré avec un petit blog, sorte d'aventures du biscuit LU (se moquant des mondanités, un penchant pour la fête, les news des derniers ragots, etc...). Mais LE premier job : c'était du dessin de presse pour Pulsomatic, l'agenda culturel nantais. Tous les mois, j'avais une chronique à illustrer, j'adorais cet exercice. Et, de fil en aiguille, je me suis rendue compte que j'aimais les idées/les concepts. Le dessin/l'illustration te permet cela, et j'ai pu faire mes premières armes grâce à ce journal.

© Gwendoline BLOSSE


Tu explore plusieurs pratiques transversales : illustration, dessin, BD et albums jeunesses... Comment décrirais-tu ton style graphique ? En fait, je ne fais pas d'album jeunesse, du moins pas pour l'instant. Le style à fait un virage à 180° il y a à peu près deux ans. Je me sentais de moins en moins à l'aise avec la bande dessinée, je me senatis laborieuse, stressée, etc... Du coup, j'ai fait table rase et suis repartie de zéro... avec la tablette graphique ! C'est génial comme outil, c'est rapide, tu peux tester mille et une chose, tu peux faire du RVB (Rouge Vert Bleu : système colorimétrique informatique permettant de représenter n'importe quelle couleur sous la forme d'une composante de ces trois couleurs, ndlr)... Je me suis décomplexée..., quel soulagement ! C'est peut être l'âge aussi, ché pas...


Quelles sont tes sources d'inspiration majeures (arts plastiques, cinéma, littérature...) ? J'aime pas mal de choses... Mais je préfère le « réel », le quotidien, la politique, les gens, l'éducation, l'environnement/l'urbanisme... Tout ce qui, justement, ne rentre pas dans cette grande famille que sont les Arts.


© Gwendoline BLOSSE


Et quelle(s) thématique(s) majeure(s) soulèves-tu à travers le médium artistique ? Ah bah je commençais à y répondre juste avant. Je pense qu'une « bonne » image doit pouvoir être lue par toutes et tous, quelque soit son statut social, sa culture, son âge, son bagage... Je milite pour ça en tout cas.


© Gwendoline BLOSSE


PROJETS ACTUELS


Sur quel projet travailles-tu en ce moment ? Une bande dessinée que j'avais sortie pour le festival KRAFT en 2014 va être ressortie chez les éditeurs Vide Cocagne, ainsi qu'une autre bande dessinée (toujours avec les mêmes éditeurs), un ouvrage collectif autour des questions du service public en milieu hospitalier. Je suis sur d'autres projets... Peut-être la déco d'un hôtel... mais chut ce n'est pas encore validé !


Et plus concrètement, tu as des idées derrières la tête pour les mois à venir (collaborations, expo...) ? Rhalala, m'en parle pas ! J'aimerais bosser dans d'autres domaines oui... Les arts numériques par exemple, la scéno, le textile... Faut que je trouve un bon binôme qui s'y connaisse en technique/programmation. Tout ce qui touche aux arts appliqués, quoi.


© Gwendoline BLOSSE

pour Apache MAG X Le Batofar

Dans l'absolu, quel serait ton rêve d'artiste ? Pluridisciplinaire... Et voyager.


Le Catch de dessinateurs à moustaches est une discipline artistico-sportive unique au monde, un sport complet qui allie la force brutale du catch et la virtuosité du dessin. C’est la seule discipline sportive 100% nantaise ! C'est sous le nom de Carmen Vegas que tu montes sur le ring et participes à ces empoignes graphiques. Carmen Vegas est mon alter ego... Je ne suis que sa coach ;)



Dans quel contexte et à quelle période le FOCDAMN (Fédération Officielle de Catch de Dessinateurs A Moustaches Nantais) a-t-il fondé ce projet qui mêle performance et production d'arts graphiques ? Le Catch existe depuis dix ans. Au départ, c'était une blaguounette entre des dessinateurs de bande dessinée et la patronne d'un café... Des costumes, des contraintes, de la zic, et zou!, le catch était lancé. Moi, j'ai rencontré l'équipe en 2009.



Peux-tu m'en dire plus sur ce concept révolutionnaire, à la croisée du spectacle vivant et du dessin ? Sur un ring, deux artistes s’affrontent en un match de deux rounds via deux grands dessins dont les thèmes ont été proposés par le public. À l’issue du combat, l’assistance vote pour la meilleure composition graphique. Au gré des duels, les dessins s’étoffent, le rythme s’accélère, les tricheries et les sanctions se multiplient tandis que la fièvre gagne un peu plus l’assemblée à chaque nouvelle rencontre. Les spectateurs, dont les sujets ont été tirés au sort par l’arbitre, repartent avec les œuvres réalisées.

Sous la forme d’un combat de catch, les arthlètes (artistes/athlètes) s’adonnent à l’improvisation graphique sur les thèmes proposés par le public avec, ponctuellement, des coups spéciaux, des contraintes et des coups fatals. L’impitoyable commentateur et arbitre VICTOR SUPRÊME surveille impartialement le bon déroulé des matchs, chambre le public et y va de son commentaire sur les réalisations graphiques de ses poulains. Le bien nommé DJÉSUS-CHRIST, fait chauffer le dancefloor pour galvaniser la foule et motiver les catcheurs au rythme de sa divine playlist enflammée. LES POM-POMS GIRLS, sexy et impertinentes, encouragent les catcheurs, assistent l’arbitre et animent le show. LE FESSEUR OFFICIEL de la ligue sanctionnera tout débordement ou atteinte au règlement officiel de la FOCDAMN. Les catcheurs dessinateurs à moustaches assureront près de deux heures d’ultra violence et de bonnes manières, dans un show digne des plus grandes superproductions américaines.

« C'est pas parce que tu ne joues pas de la guitare, que tu ne peux pas être une rock star » !


© Ouest France - 27.09.2013


Comment la saison 2016 s'annonce-t-elle pour les catcheurs à moustaches ? L'équipe a-t-elle des projets, des partenariats... prévus, à l'instar de votre participation au Festival de Théâtre de Rue d'Aurillac en 2015 ? Nous seront présents le 30 avril pour les 5 ans du Temps Machine à Tours, le 6 mai au Ferrailleur à Nantes, le 4 juin à St Lô pour les Eclecticks, au festival Chalon Dans La Rue début juillet, à Aurillac, et au festival Woodstowe fin août du côté de Lyon.


LA QUESTION QUI FÂCHE : sexisme et stéréotypes de genres dans le monde de la BD et du fanzinat


"Nous nous élevons contre cette discrimination évidente, cette négation totale de notre représentativité dans un médium qui compte de plus en plus de femmes" - Collectif des Créatrices de Bandes Dessinées contre le Sexisme.

Dans quel mesure peut-on dire que monde de la BD est androcentré et sexiste ? En fait y a plusieurs catégories de récits graphiques : y'a la BD mainstream, la bande dessinée, les comics, les romans graphiques, les mangas, les zines... Du coup, y'en a un peu pour tous les goûts... mais parfois les « goûts » sont un peu douteux.

Les lecteurs de BD sont, le plus souvent, des hommes avec un pouvoir d'achat plutôt élevé, avec une certaine assise sociale... C'est peut être pour cette raison que les éditions SOLEIL ont tapé dans le créneau "guerrière aux gros seins". C'est moche. Mais j'en veux également aux éditeurs de courir après « l'autobiographie féminine », où faut raconter ses histoires de courses au supermarché avec son mec, les virée avec les copines, l'épilation..., dans l'espoir d'être publié ! Mais c'est quoi ce BORDEL ! Ça fait vraiment mal à l'image des femmes, et, qui plus est, aux auteures féminines. Heureusement y'a les romans graphiques, l'auto-édition, les zines, etc..., où on peut y voir des choses magnifiques et avec des propos intéressants.


© Gwendoline BLOSSE


Comment te positionnes-tu en tant que femme dans le milieu du dessin, de l'illustration, du fanzinat et de la BD ? As-tu déjà été victime de sexisme ordinaire dans ta pratique professionnelle ? Ça m'est arrivé y'a peu de temps avec un pote/client. Il souhaitait un logo suggérant une forme phallique. Ça partait d'une blague, mais ça ne m'a pas fait rire... Du coup, j'ai lâché le projet. Mais sinon, tout va bien, j'ai pas l'impression d'être une « femme », mais plutôt un qu'individu unisexe :)


"Refuser de se dire victime de misogynie parce qu’on ne veut pas être victime, parce qu’on ne veut pas être faible, c’est l’antichambre du féminisme : quand tu tiltes que se dire victime n’a rien à voir avec de la faiblesse, passer de “je ne suis pas victime” à “je refuse d’être victime” il y a un tout petit petit pas qui change tout : c’est passer de “je suis pas une femme, moi, je suis pas faible” à “je suis une femme, et je vois aucune raison qu’on me piétine pour ça.", TANX, Féminisme et bande dessinée (8 septembre 2015). Dans cette publication, l'autrice TANX dresse un état des lieux factuel et criant de vérité. D'après toi, quelle(s) solution(s) devrai(en)t être proposée(s) pour oeuvrer dans l'objectif d'un égalitarisme réel des genres ? Hum... Continuer à faire ce qui nous semble juste à nos yeux, selon nos valeurs.


© Gwendoline BLOSSE


CARTE BLANCHE


Un dernier mot pour la route ? C'est ici ! Merci à vous pour ce petit entretien, ce fut un réel plaisir ! On boit un coup ?


© Gwendoline BLOSSE

Exposition à la Galerie Dulcie des Beaux Arts - Nantes


Pour retrouver le travail et les projets de Gwendoline :


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