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Quand l'empowerment brise les normes esthétiques de la mode.

Dans l'industrie de la mode, les mannequins qui défilent sur les podiums pour présenter les tendances vestimentaires de demain correspondent souvent à des canons de beauté standardisés. Ainsi, quand on observe les modèles qui défilent sur les pistes du monde entier, iels correspondent à une sorte de beauté idéale présentée comme universelle : grand.e.s, minces, athlétiques, les traits fins et le plus souvent d'origine caucasienne. Depuis quelques années, les arguments body-positive pointent du doigt les normes esthétiques de l'industrie de la mode, à l'instar des critiques autour du diktat de la maigreur, véritable menace pour la santé et le bien-être des modèles et de tou.te.s celleux qui s'y identifient. Des voix se sont donc élevées pour militer en faveur de la diversité des corps dans l'industrie de la mode et ont lancé un message d'empowerment vers celleux qui ne se reconnaissent pas dans ces critères de désirabilité : "les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf [...], les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés. Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas" (Virginie Despentes - King Kong Théorie).



La volonté de rompre avec les critères conventionnels de la beauté s'illustre avec la résolution de certaines agences de mannequinat qui tentent de lancer des modèles atypiques. Leurs buts ? Permettre de visibiliser d'autres morphotypes, de lutter contre les stéréotypes racistes, sexistes, LGBTQ+-phobes ou encore validistes et de montrer que le Beau rime avec l'imperfection et avec l'étrange. Ces dernières années, de nombreux modèles sont parvenu.e.s à se hisser au plus haut niveau et à connaître le succès, non pas "à cause de" mais "grâce à" leurs particularités. Les mannequins présenté.e.s ci-dessous font partie de celleux qui défient les conventions de la mode en les transformant de l'intérieur.



Alex Minsky : ancien marine qui a perdu sa jambe droite en Afghanistan suite à l'explosion de son véhicule. Il a été découvert par un photographe à Los Angeles, dans le club de musculation qu'il fréquentait. "Il y a une chose que je me dis souvent et qui m'aide beaucoup, c'est que chaque vie est différente et que c'est à chacun de prendre du recule sur sa propre vie. Tu ne PEUX pas, tu ne DOIS pas te comparer aux autres, parce que, fondamentalement, nous sommes tous différents."



Melanie Gaydos : atteinte d'un syndrome congénitale rare nommé dysplasie ectodermique, Melanie Gaydos a traversé des étapes douloureuses avant de devenir une icône hors normes. Son apparence atypique est liée aux conséquences de sa pathologie qui occasionne des déformations osseuses et affecte la peau, les ongles et les cheveux. Depuis qu'elle est enfant, elle a subi entre trente et quarante opérations chirurgicales pour limiter l'impact de la dysplasie ectodermique sur sa qualité de vie. "Je ne me suis jamais sentie concernée par les standards de beauté habituels. Je ne me suis jamais trouvée jolie, mais je ne me suis jamais trouvée horrible non plus. J’ai l’impression d’être la seule à pouvoir endurer ce que j’ai vécu, et je ne le souhaite à personne. Je déjà essayé d’imaginer à quoi ressemblerait ma vie si je n’avais pas eu de bec-de-lièvre et si j’avais eu des cheveux, et je pense qu’elle aurait été bien plus ennuyeuse. Même si j’ai beaucoup souffert, ces expériences ont fait de moi celle que je suis aujourd’hui et j’aime les chemins vers lesquels elles m’ont menée."



Lea T. : depuis sa participation au défilé Givenchy Haute Couture en 2010, Lea T. a multiplié les apparitions dans les magazines de mode et dans les fashion shows du monde entier. En tant que mannequin, elle a permis d'accentuer la visibilisation des personnes transgenres. "Mon coming out a vraiment été difficile. Tu dois te battre contre le monde entier. Contre ta famille. Et aussi contre toi-même. Quand tu commences le traitement hormonal, c'est très très dur. Ce n'est pas un jeu. Ton corps change en très peu de temps. La peau évolue beaucoup, les cheveux poussent rapidement, les hanches deviennent plus larges... Concernant la société, les choses évoluent, je pense que les gens sont plus ouverts. Par exemple, à New-York ou à L.A, tu peux t'intégrer facilement. Mais dans d'autres pays du monde, les discriminations à l'égard des personnes Trans subsistent. D'ailleurs, l'exclusion ne concerne pas seulement les personnes transgenres. On peut aussi parler des gays, des lesbiennes, des personnes racisées... Il reste un lourd travail à réaliser pour lutter contre toutes les souffrances liées aux discriminations. Croyez-moi, je viens du Brésil, et c'est le pays où les personnes Trans et homosexuelles subissent le plus de violences. Oui, il y a eu des avancées, mais nous devons aller encore plus loin."



Madeline Stuart : modèle australien désigné comme la première personne touchée par le Syndrome de Down exerçant en tant que mannequin professionnel. Elle a, entre autres, défilé deux fois lors de la Fashion Week de New York. "Des gens me contactent tous les jours et me remercient de leur donner de la force et du courage. Tout est possible. Il est très important que tout le monde puisse se sentir considéré et valorisé."

Aydian Dowling : récemment, les médias ont beaucoup parlé de ce garçon. L'année dernière, il faisait partie des 5 sélectionnés pour devenir l'égérie du magazine masculin Men's Helth US, car la rédaction recherchait un modèle inspirant pour représenter sa ligne éditoriale. A la fin de la période dédiée au vote, il n'a pas été élu gagnant. Mais sa participation et le soutien qu'il a obtenu pendant toute sa campagne a fait sensation. Pourquoi a-t-il suscité autant d'intérêt ? Tout simplement parce qu'il est le premier homme transgenre à avoir été sous le feu des projecteurs d'un média mainstream qui traite des masculinités. "Si j'avais gagné, cela aurait été une révolution qui aurait vraiment pu booster la fierté de toutes les personnes transgenres, et même de toutes les personnes LGBTQ. Ç'aurait été vraiment puissant. Ça s'est joué sur un vote. Mais qu'importe. Beaucoup de gens ont acheté le magazine. Je suis sur la couverture. Je pense que pour la communauté transgenre, c'est historique".



Freja Beha Erichsen : "Pour moi, être beau, c'est être soi-même. C'est ça la beauté naturelle."

Erika Ervin AKA Amazon Eve : modèle, coach de fitness et actrice américaine qui a notamment joué dans la saison 3 de American Horror Story (Freak Show). En 2011, elle a été désignée comme la plus grande mannequin professionnelle de part sa taille exceptionnelle (2.02m). Son message aux jeunes LGBTQ+ : "Vous êtes tous uniques. Vous êtes des êtres de lumière. Vous êtes faits de poussières d'étoile. Vous êtes des fleurs parfaites. [...] Les gens détestent ce qu'ils ne comprennent pas. Je prie pour que vous ne passiez jamais par ce que j'ai du traverser. La terre promise est tout près de vous. Soyez forts, restez uni.e.s, acceptez votre identité. Et vous, les parents, pour l'amour de vos enfants gays, lesbiennes, bisexuel.le.s, transgenres et queer, soutenez les !"



Yaya Kosikova : "J'ai grandi en Slovaquie, dans une société aux mentalités extrêmement fermées où je ne pouvais pas être moi-même. C'était très douloureux. Je me sentais seule, rejetée et mal dans ma peau. C'est en participant à la Pride que je me suis sentie chez moi. Autour de moi, il n'y avait que des frères et des soeurs, c'était un sentiment merveilleux. Je ressens ça à chaque fois que je marche pour une Pride, quelle que soit la ville dans laquelle je me trouve. Pour cette occasion, je porte toujours mon T-shirt préféré 'I LOVE LESBIANS' ! Pour moi, le mois des fiertés symbolise l'unité de la communauté LGBTQ et renforce le sentiment de cohésion. Personne ne se sent isolé ou seul au monde, on rencontre de nouvelles personnes... Nous sommes tous singuliers et nous acceptons nos différences sans aucun jugement".

Jillian Mercado : modèle américain né en 1988, elle est l'un des rares mannequins professionnels touchés par le handicap moteur (elle souffre de dystrophie musculaire spastique depuis son enfance). Souvent photographiée sur un fauteuil roulant, Jillian Mercado est une des figures de proue de la vague de mannequins qui remettent en cause les critères de beauté dans l'industrie de la mode et dont la volonté est de visibiliser les personnes non-valides. Récemment, elle a été choisie par Beyonce pour présenter le marchandising du Formation Tour. "Si je peux faire de grands show pour Alexander Wang ou Chanel sans être considérée comme LA fille spéciale, ce serait l'aboutissement d'un long chemin de lutte contre les stéréotypes. Beaucoup de changement sont encore nécessaires, et je veux continuer à faire avancer les choses pour toutes les personnes qui ont besoin de visibilité. Je veux que les gens qui hésitent à se lancer dans la mode à cause de la manière dont les autres pourraient les percevoir sachent qu'il y a de la place pour eux."



Casey Legler : ancienne athlète de haut niveau en natation, elle défile exclusivement pour la Ford Models Agency en tant que modèle masculin. "Nous ne connaissons que trop bien les difficultés du grand public à accepter les différences. Pourquoi devriez-vous vous soucier de cela ? Parce qu'autour de vous, il y a des enfants et des adolescent.e.s et vous avez une responsabilité quant à leur bien-être. Pour quelles raisons suis-je personnellement préoccupée par ces questions ? Parce que je suis lesbienne. Je suis une butch. Je suis une femme. Je suis queer. Et prendre soin de ce qui concerne l'altérité me semble important. Les jeunes LGBTQ+ ressentent de la peur dans toutes les régions du monde car ils se sentent différents. Ils ressentent de la honte, ils sont ostracisés et brimés, ou, encore pire - et ici, à New-York, je les vois dans la rue - sans abris. [...] Si les photos où l'on me voit défiler permettent à des jeunes d'assumer leur identité et leur montrent qu'ils peuvent contribuer de façon unique à la vie, alors mon travail est fait. Réduire ces enjeux à des questions de genre est dangereux et négligeant, [...] et perpétue des dynamiques de domination destructrices. Ceux qui correspondent à la norme demeurent privilégiés tandis que les autres sont opprimés. Tout cela est trop important pour que l'on ne s'y intéresse pas de plus près. Des vies en dépendent."



Chantelle Winnie : Dès l'âge de 4 ans, le corps médical lui a diagnostiqué un vitiligo, maladie chronique de peau caractérisée par une dépigmentation progressive, liée à la mort des mélanocytes. Par la suite, cette particularité lui a causé de grandes difficultés au cours de sa scolarité car elle a subi des humiliations, du harcèlement verbal et du rejet de la part de ses camarades. Aujourd'hui, la jeune mannequin canadienne est parvenue à sublimer ses années de souffrance. Depuis son passage dans le show America's Next Top Model, elle a marqué les esprits et est devenue l'égérie de la marque Desigual. "Je pense que mon histoire peut non seulement parler aux enfants atteints de vitiligo, mais aussi à tous ceux qui ont une particularité, comme des tâches de rousseur, des petites oreilles, un grand nez... Tout le monde a des différences. Mon conseil est de les accepter et de vous aimer tel que vous êtes".



Andreja Pejic : Repérée à l'âge de 17 ans alors qu'elle travaille au MacDonald's de Melbourne, Andreja a très rapidement imposé sa figure de beauté froide dans le milieu de la mode. En 2014, elle fait son coming out Trans à la presse : «Le fait que j'aie été mannequin androgyne ne me rend pas moins femme aujourd'hui, et je suis fière de mon parcours. Vous ne devez pas avoir honte de votre passé pour créer votre futur; et vous pouvez être fiers de qui vous êtes. Si au début de ma carrière, ou même au milieu, ou même rien que l'année dernière, on m'avait dit que j'aurais 4 pages dans le Vogue américain je ne l'aurais pas cru ! D'ailleurs plusieurs personnes m'ont répété encore et encore que mes chances d’atterrir dans ce magazine étaient quasi nulles. Alors vous pouvez imaginer ce que je ressens à présent ! Merci [...] d'avoir changé l'histoire, d'avoir permis que j'en fasse partie et d'avoir représenté une minorité sociale entière et une communauté de femmes souvent oubliées dans un magazine si important, traçant un chemin pour que le reste de l'industrie de la mode peux maintenant suivre!".



Daphne Selfe : "Je suis Daphne Selfe, une personne pleine d'optimisme et de curiosité, comme je l'ai été tout au long des 88 dernières années. Mon désir est de vous inciter à vous ouvrir à toutes les périodes de votre vie et à vous dire que tout se passera de mieux en mieux pour vous - c'est vraiment possible, même si vous pensez le contraire. Je continue le mannequinat, je parcours le monde et poursuis de nombreuses aventures. Mon intention est de vous encourager à renforcer votre confiance en vous en transmettant mes connaissances et mes expériences passées, présentes et futures. Je partage mon héritage à travers ce site, mon blog Daphne News, mon livre The Way We Wore - A Life In Clothes, des cours de formation en ligne et plus encore... La beauté, c'est en grande partie tout ce qui brille en vous indépendamment de vos caractéristiques physiques et des circonstances. Elle réside dans votre regard, votre attitude, votre équilibre et dans l'attention que vous portez à ceux qui vous entourent. Modèle depuis 1949, je ne compte pas m'arrêter, car tant que je serai sollicitée, je continuerai !" http://www.daphneselfe.com



Soull Ogun : "Définir la beauté est une sorte de blague parce que tout est déjà beau. Ce qui change, c'est notre perception des choses. Nos perceptions sont un filtre à l'égard de tout ce que nous avons sous les yeux".

Brunette Moffy : Moffy n'est pas comme tous les autres mannequins féminins. Certes, elle est jeune, jolie, talentueuse et possède les mensurations recherchées par les créateurs de mode et les photographes, mais il y a aussi une particularité notable : un strabisme."Quand j'étais plus jeune, ce n'était pas toujours facile de vivre avec ça, mais quand est venu le moment de prendre une décision concernant la correction de mon oeil, j'ai senti que si je le faisais, j'aurais été infidèle à moi-même. Si je suis parvenue à faire de mon petit défaut quelque chose de positif, alors d'autres personnes considérées comme différentes peuvent faire de même. Il est préférable d'accepter ses défauts car souvent ils représentent des particularités merveilleuses."



Arizona Muse : "L'homosexualité, l'hétérosexualité, la bisexualité, tout cela existe et nous devons respecter toutes les orientations sexuelles. Je pense que nous créons trop de polémiques autour des sexualités, alors qu'il suffirait de laisser les gens mener leur vie comme ils l'entendent".



Rick Genest AKA Zombie Boy : mannequin Canadien entièrement tatoué découvert en 2010 via Facebook par le styliste de Lady Gaga, Nicola Formichetti, également directeur artistique de la maison Thierry Mugler. Depuis, sa carrière a décollé, avec des shootings photo pour QG, Vanity Fair et Vogue Hommes, une apparition dans le clip de Lady Gaga Born This Way et un rôle dans le film 47 ronins. Son surnom Zombie Boy date de la période où, adolescent, il a subi une intervention chirurgicale visant à lui extraire une tumeur cérébrale, lui laissant par la suite une cicatrice marquante sur le crâne. "Le concept de zombie renvoie au mythe des personnes enterrées vivantes qui réémergent transformées de l'au-delà. Cela se rapporte aussi à une haine de l'autre, au rejet de celui qu'on ne connaît pas. Dans ma vie, j'ai souvent été exclus, détesté et incompris."



Shaun Ross : danseur professionnel de formation, il a été propulsé sur le devant de la scène par Tyra Banks. Il est la première personne racisée albinos a avoir percé dans le milieu de la mode en tant que mannequin professionnel. En 2013, il a donné une conférence TEDx intitulée "In My Skin I Win" : "Quand, pour la première fois, j'ai été contacté par des professionnels de la mode, j'étais loin de penser que je pouvais être mannequin, parce que l'image que me renvoyait la société était tout le contraire de celle d'une belle personne. Lentement mais surement, j'ai été accepté pour ce que je suis. Appréciez ce que vous faites et ce que vous représentez et restez audacieux pour appréhender la vie de manière lumineuse et en tirer le meilleur parti".



Erika Linder : sur le compte Twitter de ce modèle suédois qui se définie comme un tomboy, l'encart biographique est éloquent : "j'ai trop d'imagination pour me cantonner à un seul genre". En effet, elle cultive son androgynie et défie la binarité en expérimentant toute l'étendue du spectre du genre. Son travail représentent un empowerment important pour toutes les personnes qui ne se reconnaissent pas dans l'hétéronorme cisgenrée. "Les gens se doivent de célébrer leur vie et d'assumer leurs choix. C'est ce que j'essaie de faire. Je pense que chacun devrait écrire une bucket list car cela permet de formuler des objectifs de vie. On est jamais trop vieux pour réaliser ses rêves. Il suffit de foncer. On ne vit qu'une fois, alors on a rien à perdre !"



Ashley Graham : elle milite activement pour la diversité des corps avec une nette posture body positive. "Je ne veux pas être considérée comme un mannequin taille +. Je suis mannequin, et je n'ai pas besoin que les mensurations de mon corps apparaissent quand je nomme mon métier. Même si l'industrie de la mode me colle l'étiquette de plus-size model, je tiens à être considérée indépendamment de mon corps. Je ne me soucie pas de la manière dont on me décrit, car je sais qui je suis et j'en suis très fière".



Madison Paige : "Si tu veux percer dans la mode, alors travaille dur et fais ce qu'on attend de toi. Cependant, si tu souhaites vraiment faire les choses en grand, sois persévérant, ose être différent. Dans ma carrière, j'ai du faire face à de nombreux refus par ce que je voulais rester telle que je suis. Beaucoup de gens qui voulaient travailler avec moi ne comprenaient pas pourquoi je restais attachée à mon style androgyne, mais au fil du temps ils m'ont respectée pour cela. Tôt ou tard, les gens perçoivent ton authenticité et je crois sincèrement que, malgré les pressions sociales, la différence te fait sortir du lot".


Zelig Wilsson : sa blondeur naturelle (liée au phénomène de mutation du gène TYRP1), son charisme et son élégance lui a permis de commencer sa carrière auprès du grand créateur français Jean-Paul Gautier.

Tasha Tilberg : "Quand j'ai commencé à porter des écarteurs, les gens se sont mis à flipper. J'ai compris que j'allais perdre certains types de boulot, mais que c'était l'opportunité pour moi de faire quelque chose d'autre dans la mode. J'avais besoin d'expérimenter ma liberté, de faire ce que je voulais de mon corps et de mon apparence. Je ne voulais pas être la page vierge d'un autre, mais être maître de moi-même pour pouvoir dire : "voilà, c'est moi, si tu m'acceptes comme je suis, alors d'accord".

Diandra Forrest : actrice et mannequin afro-américaine, elle est le premier modèle féminin albinos a avoir été recrutée par une des plus grande agence de mannequinat. "Ce n'est vraiment pas évident d'être une personne albinos car, en général, les gens ne comprennent pas bien ce phénomène. Les personnes atteintes d'albinisme sont souvent perçues comme des êtres étranges, comme des extra-terrestres. Je comprends que cela puisse surprendre, mais je suis dérangée par ceux qui en font un freak show. Personnellement, j'ai réussi à prendre confiance en moi avec les années. Je suis fière d'être une femme albinos".



Heather Kemesky : "Généralement, tout le monde attend des filles qu'elles se conforment aux normes de féminité, mais je crois que la beauté peut prendre d'autres formes. Les femmes doivent pouvoir être elles-mêmes, à leur manière, indépendamment de l'opinion des autres. Je pense que beaucoup de choses se transforment : ce qui est considéré comme bien ou mal, bon ou mauvais, acceptable ou non... J'aime les gens qui cultivent leur singularité, j'aime les sentir bien dans leur peau. Etre libre et s'exprimer de l'intérieur, se projeter vers l'extérieur... Etre soi est une liberté fondamentale".



Hari Nef : d'une certaine manière, Lea T. et Andreja Pejic ont ouvert la voie à des modèles comme Hari Nef. Out en tant que mannequin transgenre, elle appartient à une minorité dominée par les normes hétérocentrées, mais comme elle le dit, "les modèles Trans font l'Histoire". "En premier lieu, j'ai été attirée par la mode pour toutes les possibilités de destruction des représentations normatives du genre qu'elle permet. Comme le dit mon amie Arabelle Sicardi, la beauté est la terreur. Les femmes Trans subissent une énorme pression sociale qui les pousse à se conformer aux normes cisgenres. En fait, le cis-passing est presque une obligation pour avoir des opportunités : le respect des conventions de la féminité est un atout. Après, chaque fille est libre de faire ce qu'elle veut pour se sentir bien avec elle-même. Cela dit, je pense que le concept de passing est une énorme connerie. Il y a tellement de manières d'incarner le genre féminin, tant de femmes sont différentes les unes des autres... Donc, avant tout, je milite pour les droits des personnes transgenres et je défends l'idée de la fluidité du genre. Pour moi, dans un monde idéal, je ne serais pas obligée de me conformer à des critères de beauté et à tous ces trucs. Je ne serais pas forcée d'être féminine et les gens respecteraient cela."



Courtney McCullough : ce mannequin, nominé par Buzzfeed dans le "Top 15 des mannequins androgynes à suivre", est également photographe professionnelle.



Michael Bailey-Gates : "je suis fier d'être queer, c'est le concept auquel je m'identifie le plus. Pour moi, être un homme veut dire que tu dois savoir à quel moment te mettre en retrait pour laisser une opportunité à quelqu'un d'autre. Etre un homme signifie aussi que tu devrais expérimenter ton coté féminin. Même si tu es très viril, mets toi du vernis, cela te donnera la chance d'appréhender la féminité."



Amanda Moore : La capacité d'Amanda Moore à transcender la binarité des genres en exploitant à la fois sa masculinité et sa féminité est considérée comme sa marque de fabrique. "Je pensais que, pour être mannequin, je devais me montrer mignonne, girly... Au contraire, les personnes avec lesquelles je travaille font toujours ressortir mon coté viril".

Twiz Rimer : "si vous considérer que les hommes doivent paraître masculins et que les femmes doivent paraître féminines, alors vous n'avez rien compris, car tout ça, c'est des conneries".



Devyn Galindo : "En photographie, mon sujet de prédilection est de mettre en scène des gens qui ont une âme. Des gens qui brisent les stéréotypes. Des gens qui font leur propre chemin".



Carmen Dell'Orefice : Carmen Dell'Orefice, 85 ans, prouve que l'obsession pour le jeunisme n'a aucun sens. Elle est mannequin depuis son apparition sur la couverture d'un numéro de Vogue en octobre 1947. Elle rappelle souvent que la beauté n'a pas d'âge. "Plus je vieillis, plus je suis en mesure d'être authentique et vraie. J'espère contribuer à changer le regard que les gens portent sur le vieillissement."



Milou Van Groesen : "I AM A UNICORN". Le mantra de ce modèle néerlandais ouvertement lesbienne : "donne toujours plus que ce que tu possèdes".



Laith Ashley : "Ma mère, chrétienne pentecôtiste, s'est sentie en conflit avec sa foi religieuse au moment de mon coming out trans. Avec mon père, tout s'est très bien passé. Je lui ai dit que sa fierté à mon égard me permettait de résister aux critiques négatives. Qui se soucie de ce que pensent les autres ? Aujourd'hui, quand je me vois dans un miroir, je suis satisfait de l'image que je renvoie. C'est comme cela que je veux être perçu. Je n'aurais jamais imaginé que certaines personnes me prennent en exemple. Et pourtant, dès que j'ai diffusé mes premières photos sur les réseaux sociaux, cette étiquette m'a rapidement été attribué. Je sais que beaucoup me suivent sur internet parce qu'ils peuvent s'identifier à moi. Je veux qu'ils retiennent une chose très importante : chaque parcours de vie est singulier. Les gens doivent rester fidèles à eux-mêmes."



Jenny Shimizu : "Plus jeune, quand j'ai fait mon coming out, la seule étiquette que l'on m'attribuait était "lesbienne". C'était une grande part de mon identité et, heureusement pour moin je n'ai jamais senti le besoin de le cacher. Aujourd'hui, la communauté LGBT est beaucoup plus fragmentée, et c'est sans doute le signe que les gens progressent dans leur manière de se définir. Ils font leur coming out et, à ce moment là, ils se rendent compte qu'ils sont non seulement "gays" ou "bisexuels", mais ils creusent encore plus loin, et je respecte beaucoup cette démarche. Personnellement, je me suis depuis toujours collée l'étiquette suivante : queer".

Viktoria Modesta : suite à un accident survenu au moment où elle est née, Viktoria Modesta a longtemps souffert de sa jambe gauche qui lui provoquait des douleurs insoutenables. A 19 ans, elle a pris la décision de la faire amputer afin d'améliorer sa qualité de vie. Aujourd'hui, elle est non seulement mannequin, mais elle est aussi une auteure-compositeure dont l'univers artistique est extraordinairement badass. Elle se considère comme une "femme cyborg" et son identité futuriste est une sorte de transcendance bionique du corps humain. "J'ai toujours eu confiance en moi malgré les difficultés liées à ma jambe qui semblaient contrecarrer mes ambitions. Il y avait énormément d'incertitudes concernant ma santé mais j'étais déterminée à trouver des solutions pour être capable de faire toutes les choses dont je rêvais. Dans l'imaginaire des gens, perdre un membre est considéré comme une expérience traumatisante. C'est souvent décrit en termes de perte d'un morceau de soi. Moi, je ne l'ai pas vécu comme ça, mais comme une simple mise à niveau. J'ai eu tant de problèmes avec ma jambe... Je ne pouvais pas faire de sport, ni porter de talons. Même marcher était difficile car j'avais un très mauvais équilibre. Après l'amputation, j'ai pu choisir le type de prothèse qui me convenait le mieux, son design et ses caractéristiques. C'était incroyable. Je crois que la plupart des gens ne réalisent pas à quel point leurs choix de vie sont importants. Récemment, certaines personnes m'ont demandé si je me considérais comme une personne handicapée. Je leur ai répondu que non, bien au contraire, je me définis comme un esprit libre. Je m'efforce de me focaliser sur mon propre cheminement pour rester fidèle à moi-même car il est impensable de rester coincé dans une vie que vous n'avez pas choisie."



Nats Getty : "Pour moi, la roue a tourné, parce qu'avant j'étais loin d'avoir une bonne influence pour les autres et pour moi-même. J'étais vraiment perturbée par les questions que je me posais sur mon orientation sexuelle. J'aurais aimé avoir le courage spontané de dire 'fuck, je me fous de ce que les gens disent ou pensent'. Je pense avoir parcouru le chemin nécessaire pour assumer mon identité et aujourd'hui je suis complètement ouverte et honnête à propos de la personne que je suis. Je crois que, plus jeune, je n'étais qu'un gros mensonge parce que j'étais immature et que j'avais vraiment peur de savoir qui j'étais. Je me suis cachée derrière un masque car je craignais l'opinion des autres. Parce qu'en fait j'étais une sorte de bouc émissaire, je m'en suis pris plein la gueule...".



Cesar Nunez : "être fidèle à soi est la plus belle chose".

Elliott Sailors : "j'ai grandi dans une société extrêmement binaire. Par exemple, dès l'enfance, on me disait que si une fille voulait aller à l'église, elle devait porter une robe. Honnêtement, à cette période, je n'ai pas lutté contre tout ça. Mais en dehors de l'église, je ne portais pas de robe. C'est petit à petit que j'ai réalisé que mon identité de genre était plus en phase avec ce que la société attribue aux garçons. Quand j'ai expliqué à mon mari que je souhaitais devenir un modèle masculin, il s'est senti confus. Depuis, j'ai appris à mieux m'exprimer au sujet de mon travail : je suis un modèle qui défile pour les collections masculines, mais je me définis comme une femme, je me sens bien dans ce genre. Mon choix de carrière n'a pas impacté ma relation de couple. Par contre, on se demandait comment réagiraient les gens autour de nous. Parfois, on nous prends pour un couple de gays, ce qui nous va très bien, sauf quand certains tiennent des propos homophobes. Cela nous révolte car, même si nous ne sommes pas directement concernés par cela, les personnes LGBTQ+ doivent endurer ces violences tous les jours."



Lee Bullitt : "Je suis une femme queer racisée et, de ce fait, pour moi, tout se joue à double tranchant. D'une part, ici, à New-York, j'ai le sentiment que mon identité m'offre des opportunités pour être visible et promouvoir mon travail. Mais d'autre part, le milieu artistique est encore caractérisé par un fort entre-soi. La plupart des musées sont régis par des hommes et je trouve que le travail des femmes est souvent décrédibilisé. A moins que vous ayez un collaborateur ou un agent qui soit un mec...".


Christian Watson : "la beauté est un processus".

Harnaam Kaur : Harnaam Kaur, jeune modèle britannique, possède une pilosité faciale très dense en raison d'un syndrome polykystique ovarien. Elle a longtemps subi les conséquences de cette pathologie endocrinienne, mais, aujourd'hui, elle surmonte ses maux et délivre un message signifiant. "Le plus important pour moi, c'est d'avoir appris à m'aimer telle que je suis. J'aime ma barbe et toutes mes autres petites particularités - mes tatouages, mes cicatrices, les vergetures et les imperfections. J'aimerais que toutes les femmes puissent découvrir la force intérieure que j'éprouve. Il vous faut vivre comme vous l'entendez : c'est votre voyage et votre vie".

Mack Dihl : "Les hommes qui me voient défiler n'accordent aucune importance à mon genre, il se fichent que je sois une femme. Tout ce qui les intéressent est de savoir comment reproduire mon style quand ils se reconnaissent dans la présentation que j'en fait".

Eden Clark : "le style des lesbiennes impacte la haute couture par l'intermédiaire du street wear. On fissure la porte du monde de la mode pour nous glisser dedans".


Ari Fitz : "En tant que personne queer afro-américaine, beaucoup de gens ont tendance à faire du whitesplaining au sujet de mes origines. Quand je parle de mon identité de genre ou de mes expériences, les autres me disent souvent ce que je devrais ressentir. Non, vous ne savez rien. Ici, à San Francisco, tout le monde se cache derrière la réputation créative, inclusive et friendly de la ville, mais le discours des gens reflète leur culpabilité et par conséquent ils sur-compensent pour se sentir mieux avec ça...".



Ben Melzer : ce modèle allemand milite activement pour la visibilité des personnes transgenres. Présenté au grand public par l'édition européenne de Men's Health au début de l'année 2016, il considère que sa notoriété est un grand pas en avant pour toutes les personnes trans. "Quand on t'a assigné un certain genre à la naissance et qu'il ne te convient pas, tu as le sentiment qu'il n'y a pas d'issue. Trop de gens laissent leur identité dans l'ombre. Je tiens vraiment à donner une visibilité aux personnes transgenres pour montrer au monde que nous sommes comme les autres".



Becky Holladay : le modèle androgyne britannique Beck Hollyday incarne parfaitement la figure du tomboy fashion, charismatique et influent. Elle a notamment travaillé pour Actual Pain, NICCE London, Charly Boy Clothing, Toojo et Sticks And Stones Jewelry.



'la vraie beauté résulte d'une parfaite correspondance entre ce que nous sommes et ce que nous montrons'


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