Cinquante nuances d'arrête de formater ma vie sexuelle.
“Males do not represent two discrete populations; heterosexual and homosexual. The world is not to be divided into sheep and goats, and not all things are black nor all things white. It is a fundamental of taxonomy that nature rarely deals with discrete categories. Only the human mind invents categories and tries to force facts into separated pigeon-holes. The living world is a continuum in each and every one of its aspects. The sooner we learn this concerning human sexual behavior, the sooner we shall reach a sound understanding of the realities of sex.”
Le « vrai sexe », ce truc mystifié depuis toujours qui ne cesse de faire passer les femmes pour des filles faciles, « salopes », à l’estime de soi plus basse qu’une taupe enfoncée dans son trou. A la relecture de certains articles concernant l’affaire du Collège Montaigne (*la culture du viol plante son drapeau*), un certain ras-le-bol m’a fait perdre l’envie de gentiment donner mon avis dans mon coin et de pousser une toute petite -petite- gueulante. Parce que, que ce soit bien clair, du haut de mes dix-huit ans, je vous emmerde lourdement avec vos règles concernant le sexe dans sa globalité.
Le « vrai sexe », un mythe, une légende?
Parce que oui, la norme tente de nous poursuivre jusque dans nos draps (ou même dehors, dans des toilettes, dans un parking, que sais-je !). Le « vrai sexe », c’est faire l’amour avec une personne qu’on aime, pour qui on a des sentiments. C’est dans une chambre, forcément. C’est doux, calme. Il manquerait plus que les roses pour rendre le tout bien gnangnan mais ton/ta partenaire avait peur que tu t’enfonces des épines dans le dos, interrompant le seul et unique gargantuesque orgasme que tu auras (parce que deux, c’est beaucoup). En soit, je n’ai rien contre tout ça. Si c’est comme cela que vous percevez le sexe, ça ne me concerne pas et tout va bien dans le meilleur des mondes. Ce que je reproche cependant, c’est le narcissisme de certain-e-s. On ne force pas une façon de penser. Je vous l’accorde, en ce qui concerne bien des choses, certaines idées sont clairement stupides et bonnes à jeter dans un ravin (le racisme, le sexisme, l’homophobie, la transphobie, pour ne donner que quelques exemples). En revanche, en ce qui concerne la sexualité, je suis affligé-e.
La virginité et ses partisans aussi fragiles que la pantoufle de Cendrillon.
C’est patriarcale. C’est un énoooooorme sujet. C’est bien, et la perdre, c’est mal (sauf si c’est fait dans les règles du « vrai sexe », donc dans les règles de l’art !) Et je dis, je hurle, je m’étrangle, qu’il est temps de briser la glace qui entoure ce tabou à la con : la virginité, c’est un concept fait pour objectiver la femme, et ce dès l’enfance. On emprisonne déjà ta vie sexuelle, et, malgré les dires de beaucoup, tu n’es pas une enfant, et non ; tu es une femme en devenir, à la sexualité bridée. C’est l’Homme, le vrai, qui se doit de percer ton hymen. (C’est quand même sensible un mec cis, certains le prennent mal que la danse ou l’équitation l’aient fait à leur place…). Et si vous doutiez un instant qu’il ne s’agisse que d’une tentative afin d’avoir les femmes sous leur emprise, il suffit de parler à des lesbiennes/bisexuelles/pansexuelles/etc, ou tout bonnement aux femmes qui ont commencé le sexe avec une autre/d’autres femme(s). Tant qu’un pénis n’a pas voyagé en toi comme l’a fait celui de Christian Gray dans 50 Shades, alors tu es et resteras vierge jusqu’à ta mort, aux yeux de la société (bien qu’en réalité, on s’en foute royalement de ce que les autres pensent, ouais? complètement).
Et dans le deuxième cas, si tu as perdu ta virginité avec un mec, un bonhomme, mais en dehors d’une chambre, bip, tu es une traînée. Si tu l’as fait dans ta chambre, avec quelqu’un que tu ne connais pas ou à peine, bip, tu es une salope. Si tu l’as fait avec un-e parfait-e inconnu-e et en boîte, bip, tu es une cochonne et tu mérites le viol. Si tu l’as fait avant le mariage, bip…. no comment. En revanche, le mec a juste tiré un coup et c’était cool. C’est triste parce qu’en plus, la liste des possibilités est longue.
Mais bon, puisque je suis sympa, allons-y : ton organe génital t’appartient. Si tu rencontres quelqu'un un soir et que tu te sens de le faire : vas-y. Et si tu veux le faire avec plusieurs personnes d’un coup ou dans la même soirée…. vas-y. A part « protégez-vous » je ne vois pas ce qu’on pourrait te/vous dire (Big up au sidaction, n’oubliez pas le préservatif!). Parce que ça aussi, c’est du vrai sexe.
Le porno dérange pour pas grand chose.
Je vais être concise : le porno aussi, c’est du vrai sexe. Qualifier le porno « d’irréaliste », c’est se croire dans la chambre de tout le monde sur Terre et vouloir affirmer que l’on sait ce que font les autres en privé. Aliéner le porno, c’est tout bonnement ridicule. Banaliser quelque chose ne veut pas dire que l’on veut et/ou autorise des enfants à regarder de la pornographie, loin de là. Cela veut juste dire qu’il faut arrêter de dire à tout va qu’il s’agit d’un vice, et que l’on admet enfin que c’est réel. Des gens ont une vie sexuelle comme celle mise en avant dans les films pornographiques. Certains ont des fantasmes similaires, et beaucoup se touchent allègrement en les regardant. Et tout ceci n’est pas anormal. La pornographie n’est pas responsable de tous les maux sur la planète, ni des agressions sexuelles. Une personne l’est. Tout comme les jeux vidéos n’engendrent pas la violence et internet le harcèlement. C’est prendre des choses pour plus intelligentes qu’elles ne le sont réellement. N’oubliez pas qu’un ordinateur tout seul ne fait rien. Si il y a bien quelqu’un à blâmer, lorsque des jeunes (garçons en l’occurrence) comme dans l’affaire du Collège Montaigne agressent une autre personne, ce sont les enfants en eux-mêmes, puisque l'acte est répréhensible, mais aussi les parents, les responsables, les professeurs, en clair : les figures d’autorité qui n’ont pas pris la peine d’expliquer ou d’instaurer un climat « safe » pour le cerveau de nos chers bambins. Sans compter qu’informer est bien plus utile et qu’il est tout à fait banal de s’intéresser au sexe une fois au collège (Ah, les hormones…). Bien sûr, en tant que parents, j’imagine que l’on veut que nos gosses aient une sexualité comme dans les films à l’eau de rose mais le soucis de réalisme de ces films est proche de zéro, alors bon.
(En revanche, je dois bien avouer qu’il y a des choses à améliorer dans le milieu de la pornographie — comme les conditions de travail, le slut-shaming et les abus — et que les titres des vidéos sont vachement sexistes. Y a encore du boulot mes p’tits potes !)
Enfin bref, tout ça pour vous dire, à vous tous, autant que vous êtes, que vous avez le droit de coucher, de faire l’amour, de vous envoyer en l’air, d’attendre le/la bon(ne) ou de ne rien faire : c’est votre vie, votre sexe, vos fantasmes, et le tout vous appartient !
(Et puis, il y a la masturbation aussi).